Il n’est pas de coutume de reprendre des échanges de mails pour écrire un article mais il serait dommage de ne pas les diffuser car ils traduisent au plus juste l’intensité de l’aventure, ainsi que les émotions ressenties et partagées par les 11 participants de la cuvée 2019.
« Un grand moment de vélo ensemble. Décidemment le géant de Provence ne se laisse pas vaincre aisément. La démonstration en a encore été faite et la face par Malaucène est ardue. 11 valeureux cyclos qui portent haut (c'est le cas de le dire) les couleurs du club, c'est bien. Vivement les Vosges., merci aux photographes et un grand bravo particulier à notre Jojo. Chapeau monsieur je vous admire. Pierre »
Réponse de Joël, notre trésorier :
« A chaque fois que vous complimentez ce cher Jo, voire aussi Jojo, j'ai le cœur qui bat un peu plus vite, je pense pendant une demie seconde que c'est à mon endroit ??
Ayant été moi-même habitué à porter ce pseudo dès le plus jeune âge.
Ceci étant dit je me joins au concert de louanges et d'admiration à l'égard de notre ami Jo et lui laisse bien sûr l'exclusivité de ce .... Raccourci ! »
Et enfin notre Jojo de sa plus belle plume :
« Merci ......Joël de ton message touchant et très sympa, , Pierrot, bravo pour ta pugnacité persévérante dans cette dure Montée, Gégé .....exemplaire doyen, inépuisable dans la bosse, chapeau les "frères Jacques" aussi aériens dans la grimpée que locomotives dans la plaine, et mon Denis aussi imperturbable dans le coup de pédale que dans ses commentaires avertis malgré le manque d'oxygène à 1910 mètres , merci à tous les amis de vos compliments qui sont partagés sincèrement avec tous les acteurs de cette belle journée, agrémentée de diverses péripéties , sans quoi tout serait fade et monotone sans les anecdotes qui s'y rattachent.
J'ai apprécié mon 49,9 qui m 'a bien aidé pour juger lors de cette ascension, de la condition physique de l'élite de la section avec une mention pour notre féminine Nadine, exemplaire d’aisance dans la régularité de son pédalage pour gravir ce sommet de légende.
Plus de peur que de mal pour notre kamikaze Jean Marc qui a bien surmonté lors du retour son salto avant dans le fossé, super l’artiste, quand à Patrick à la lecture de son SMS, j’ai vu qu'il avait bien contenu sa crise "de Foi" passagère et que tout est rentré "dans les ordres". Plus de peur que de mal, Bonne récupération mon Patrick.
Quant à l'assistance Renault, elle a été parfaite et menée de main de maître sous l'égide de notre ami René.
Hélas il y a toujours un petit bémol, la BonneBièreFraîche traditionnelle de fin de sortie à PERNES LES FONTAINES n’a pu être partagée because l’éclatement des troupes consécutifs aux divers aléas.
Conclusion : Difficile de boire une bière.......dans une ville d’eau ????après avoir monté le Ventoux.»
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Que faut-il ajouter à ces quelques savoureuses remarques qui résument si bien cette journée du 22 juin ?
C’est avec un enthousiasme franc que nous avons démarré la sortie. Le départ est rigoureusement respecté à 8 heures de Pernes sachant que la montée par Malaucène est peu abritée et risque de devenir encore plus pénible avec la chaleur. Nous sommes 11 participants, la plupart récidivent, vu leur ancienneté au club, ils connaissent la montée sauf Denis, Jacques S et moi qui allons découvrir la grimpette par Malaucène.
L’air est léger, pas un souffle de vent, nous apprécions tous la splendeur d’un matin baigné de lumière et si paisible. Pour nous mettre en jambes, nous prenons plaisir à rouler de concert en direction du col de la
Madeleine (version light) en passant par Mazan. Le café à Bédoin est le bienvenu en cette heure matinale. Il
règne déjà dans le village une réelle effervescence, un brouhaha engendré par d’innombrables (2600) cyclistes descendus du Nord (Hollandais et belges) pour la fameuse cyclosportive « la Cannibale ». Nous retrouverons cette foule indisciplinée au sommet du Ventoux, elle nous empêchera d’ailleurs de prendre la traditionnelle photo devant le panneau bien écorché du « géant ».
Heureusement pour nous, l’option Malaucène n’a pas été retenue par l’organisation de la Cannibale.
Un peu avant 10h, nous sommes au pied du monument et à partir de là en limitation de vitesse. Il va falloir encaisser des pentes de plus en plus longues et assassines. Sur la route, en plus des bornes, sont affichés les pourcentages 11%, 12% puis 13% neutralisant imperceptiblement l’étincelle que nous avions au départ. Les kilomètres deviennent interminables et le moral est progressivement entamé. Il s’agit là de mon ressenti lors de l’ascension mais je pense qu’il a été partagé par d’autres que moi. Evidemment un groupe composé des 4J (Jacques S, Jacques M, Joël, Jean M) ainsi que de Patrick, René et Denis sont certainement moins malmenés dans l’effort que la garde arrière avec Gégé, Pierre, Jojo et moi. Qu’importe ! la raison n’a plus sa place, l’important est de relever le défi que chacun de nous s’est imposé.
Après une pluie de grêlons, d’infranchissables sections ardues comme le précise Pierre, le tant redouté Mont Chauve sera vaincu. Fatigue et bonheur se mélangent dans une telle confusion qu’il est difficile d’émerger dans la réalité du lieu après tant d’efforts.
Le froid nous prend, nous descendons par Sault (avec ou sans coupe-vent, je ne cite personne !) croisant sur notre passage des hordes de cyclos sur lesquels nous jetons un œil malicieux et presque sadique, en pensant très fort « ils vont en baver les bougres ». La pluie s’invite sur quelques kilomètres, nous avons hâte de nous réchauffer et de nous restaurer. L’astre Ventoux disparait dans la frénésie de la descente et le soleil réapparait.
Nous affrontons le tumulte du restaurant bondé de Sault, de manière efficace, nous serons servis rapidement d’un plat unique et copieux (plus ou moins bien digéré, je ne cite encore personne !). Malgré le bruit incessant, les conversations fusent dans la bonne humeur générale.
Quelques kilomètres nous séparent des Gorges de la Nesque, nous flirtons désormais avec une petite route tranquille entre Sault et Monieux avant d’entamer la montée vers les Gorges. Telles les fois précédentes, nous
marquons la pause au belvédère et admirons cet espace sans limites avec ses parois rocheuses, abruptes et sauvages. Les cochons nous accueillent comme souvent à cet endroit. Malgré les difficultés de la matinée, le pédalage est souple et rythmé, le papotage est décontracté, joyeux et apaisé, c’est l’heure de la sieste. Les hollandais s’en sont allés ou presque. (Et aucune hollandaise à l’horizon !)
La journée n’est pas encore terminée, il faut rejoindre Pernes les Fontaines. Un chemin de croix pour qui a pris froid et une chute pour qui est distrait. Notre Jojo l’a écrit dans son mail, je ne reviens pas sur ces accidents de parcours heureusement sans gravité mais bien ennuyeux pour qui les subit.
La fin de la sortie vers 18h a pris la forme d’un puzzle, le groupe a éclaté nous privant d’échanges toujours enjoués à chaud. Nous nous rattraperons au prochain Ventoux par Bédoin quand nous aurons digéré celui-ci. Je suis partante et j’espère que Jojo sera également de la partie.
Merci au groupe, c’était une expérience forte, nous avons déployé énormément d’énergie, et certains ont très probablement douté sur les pentes les plus raides, de leurs capacités. Nous avons ri, nous étions émus et fébriles en arrivant au sommet. Quelle explosion de joie de partager un moment unique !
Une nouvelle fois, ténacité et passion commune nous ont emportés dans une formidable aventure humaine. En effet le Ventoux se mérite au mental.
Les participants : Pierre, Jojo, Nadine, Jacques M, Gérard, Denis, René, Patrick G, Jacques S, Jean Marc et Joël