Je vous rédige puisqu’il n’y avait ni Denis ni Jipi pour la plume, un petit article sur l’épopée du tour du massif des Monges à 14 comme l’an dernier mais avec 2 cyclotes cette année.
En cette chaude journée du 4 août, nous nous sommes regroupés à Malijai à 7h30. Malgré un lever matinal et l’effort d’avoir pris la route, nous avions tous le sourire, ravis de nous retrouver sur le parking du village. L’œil de certains brillait déjà à l’idée des futures grimpettes et des folles descentes avant même d’avoir gouté à la souffrance.
C’est un groupe homogène qui s’achemine vers le 1er col après avoir traversé Sisteron et Clamensane. Les retrouvailles sont propices aux conversations, et certains ne sont pas muets, mais je ne cite personne… Je fais pour ma part un peu plus connaissance avec Béatrice qui s’émerveille au passage des nombreux chardons qui jalonnent la route. Il fait beau, l’air est presque tiède, les odeurs nous chatouillent les narines, nous sommes grisés une fois de plus. La gourmandise des grands espaces n’a pas de limites. Après un rythme tranquille, le col des Sagnes se profile à l’horizon. Le groupe peu à peu se disloque. La dénivelée est à 9%, et il fait déjà 31°C. Le soleil me brule les reins, je fonds à chaque tourniquet. Michel me double et m’encourage au passage : « allez Nadine, tu es bientôt en haut ! » Cette chaleur est insupportable et la journée n’est pas terminée.
A Turriers, quelques sherpas s’en vont faire le plein des bidons tandis que d’autres dont je fais partie s’avancent. Avant le col des Garcinets, mon gruppetto s’arrête près d’une fontaine qui coule à flots : un mirage ! Nous faisons quelques ablutions et repartons rafraîchis et requinqués. Les sherpas à fond de train ne tardent pas à nous rejoindre et nous tendent les « gourdes pleines ».
« Merci c’est gentil, mais on n’a plus soif !
- Ah bon ?!?
- Vous n’avez pas vu la fontaine un peu plus bas ? L’eau était fraîche… »
Le col des Garcinets est un jeu d’enfants, nous sommes bien affûtés après la difficulté précédente. Les paysages sur le plateau sont pure merveille, c’est une déclinaison de couleurs digne d’un tableau d’impressionnistes. Jean et Louis ont fait des photos. Notre bonne humeur ne nous a pas quittés et elle redouble devant les pâtes aux morilles ou le jambonneau aux lentilles (dont la couenne a mis en transe Olivier) à Selonnet. Un moment de détente et de convivialité sous la tonnelle, arrosé de demis ou de vichy pour Louis et moi. La table est animée, le sujet principal de la conversation est le col du Fanget (1459m). Je devine peu à peu que c’est une épreuve et presque un examen de passage… Le repas progressivement n’a plus de saveur, mon estomac se resserre, et je m’évade dans une sorte de transe menant un terrible combat intérieur. Jean et Jacques échangent : « on peut faire le tour, ce sera moins dur. » Entendant les paroles de mes sauveurs, je reviens à la réalité. J’ai 2 appuis pour me dégonfler ouvertement. Mais devant la liesse et l’engouement général, et avec beaucoup d’amour propre, je virevolte et accepte de suivre tous ces costauds. Je croise Yves avant le départ qui me souffle : « je ne sais pas si je vais arriver à le monter ce col ! » CRAC ! Je me fais un gros coup de stress, j’y vais/j’y vais pas…tant pis j’y vais. Pardon Jean d’avoir changé d’avis.
Avant l’ascension du col, Pierre crève à point nommé (il avait dû trop manger). Merci Pierre, tu me laisses une longueur d’avance. Il fait 36,4°C (le Garmin affichera même un résultat à 37°C dans son rapport) nous grimpons tels des pénitents, totalement affligés par la raideur de la pente. Le paradis ça se mérite. Personne ne se regarde, chacun est dans sa propre roue, et le compteur ralentit à vue d’œil. Pour ma part, il s’est même arrêté sur 10m, je n’allais pas assez vite selon Jacques. Tant que ce n’est pas le cœur, aucune crainte. A la moitié du chemin, nous avons mis pieds à terre (Jean, Jacques et moi) quelques brèves minutes, et recherché le souffle à l’ombre d’un arbre. Des minutes incroyablement rédemptrices qui nous ont permis d’atteindre notre but. Liesse générale avant la traditionnelle photo, et challenge réussi pour tous.
Nous avons entamé notre folle descente vers les clues tels des chiens fous, chacun s’en donnant à cœur joie, c’est la suprême récompense après l’effort.
Retour via Digne en fin d’après midi, il fait soif ! Après 3l d’eau ingurgités au cours de la journée, je remercie l’inventeur du Coca, pendant que d’autres bénissent l’inventeur de la bière.
Une belle journée passée en compagnie de Béatrice, Jean R, Louis G et son fils Pascal, Yves, Olivier, Pierre, Michel G, Bernard, Jean-Louis, René G, Fred, et mon Jacques.
Merci à Louis pour ses photos qui viennent illustrer mon papier.