Puisque nous sommes des cyclotouristes, notre activité est un subtil compromis entre le sport et la convivialité. Donc de la randonnée, petite, grande et très grande, de la culture sans excés et de la bou..., pardon gastronomie, avec excès.
Avant de vous donner mon ressenti sur ce voyage, je tiens à mettre à l’honneur les créateurs de cette désormais classique de notre section.
Michel et Pierre ont donné leurs noms à ce rendez-vous annuel, depuis plus de 20 ans, qui rythme et souvent clôture notre saison. Le but était de randonner à travers tous les massifs de France, en y ajoutant quelques difficultés avec des noms de cols de légende.
Contrat rempli et même plus, puisque ces GM sont devenues références et alimentent régulièrement les troisièmes mi-temps de nos réunions.
La boite à souvenirs est pleine, de très bons et aussi de moins bons souvenirs qui avec le temps se bonifient……
Merci Messieurs pour tout le travail accompli dont vous étiez aussi les participants assidus.
Le flambeau a été transmis cette année à Patrick, et le défi a été relevé avec brio.
Dès le mois de janvier l’édition 2023 était couchée sur le papier, planifiée et cartographiée. Avec même une option pour les plus courageux.
On ne peut souhaiter à Patrick que le même succès, la même longévité, et à nous membres de la section, de continuer à faire vivre la légende.
Maintenant que la «brosse à reluire» est passée, je vais essayer de vous retransmettre mon ressenti durant ces 3 jours.
Photos de Jacques
Oui, j’ai bien dit 3 jours, car je fais partie «des caramels mous» qui n’ont pas retenu l’option du jeudi. Au programme il y avait 3 cols : col de la Cayolle, col des Champs, col d’Allos. 115 km et 3400 D+. Une option de costauds surtout que derrière il y a encore de la route à faire.
Félicitations à Patrick, Jacques M (venu exprès pour cette journée) Jacques S, Bernard et Joël.
A noter que René, lui, est arrivé le jeudi matin, et a escaladé le col de la Cayolle en solitaire. Option de l’option !
Jeudi 6, 18h. On se retrouve à l’hôtel du Cheval Blanc à Barcelonnette. Nous arrivons pratiquement en même temps que Noël et Stéphane, très vite rejoints par le gruppetto du jeudi qui finit son parcours. René est là, il nous attend de pied ferme et Gérard ne tarde pas non plus. Équipe au complet. Installation, apéro, repas.
* Vendredi 7 – au menu Col St Jean – Selonnet – Col des Fillys – La Bréole (repas) et retour à Barcelonnette. 95Km 1350 D+
Ce fut un vrai régal ! La fraîcheur matinale est vraiment galvanisante, les paysages extras : montagnes, prairies de foin coupés qui sentent bon, vue imprenable sur le lac du Serre Ponçon, groupe enjoué et ravi d’être là, réuni pour ce partage de bons moments. Peu de circulation routière mais quand même quelques camions sur les grands axes dont il faut se méfier. Les 2 cols sont expédiés le matin et c’est à la Bréole que nous laissons nos vélos pour nous restaurer. La cabane des Pizzas nous tend les bras et là encore l’ambiance est au rdv. Pizzas, maxi salades, desserts, cafés voilà de quoi reprendre des forces pour le retour vers l’hôtel.
Le seul trouble à notre bonheur c’était les mouches, en quantité, mais désagrément vite réglé par la patronne, en allumant du marc de café au chalumeau. La fumée dégagée a fait fuir toutes les mouches en un rien de temps ! Insecticide écologique à la portée de tous, à condition de supporter l’odeur du café brûlé…..
Le retour en pente douce mais sous un soleil ardent fut bien géré, et nous arrivons à Barcelonnette vers 17h.
Une nouvelle tendance commence à prendre forme dans la section, c’est la partie de boules. C’est du sérieux, chacun sa triplette, les équipes se forment et les paris comme les discussions et le chambrage, vont bon train. Une excellente façon d’évacuer la fatigue du jour et de se préparer à l’apéro.
Retour à 20h à l’hôtel où un bon repas nous attend. Puis promenade semi nocturne dans la ville où nous sommes allés admirer des bâtisses somptueuses, d’un autre siècle qui bordent la route qui part vers Jausiers. Ce soir-là nous sommes rentrés sans avoir trouvé de pont !
* Samedi 8 – au menu Col de Vars – Savines le Lac – Col du Pontis – Le bout du lac – le Lauzet/Ubaye et retour – 125km 2160 D+
Ce matin nous avons du renfort, en la présence de Daniel, qui nous a rejoints puisqu’il est en vacances à Risoul. Ça fait vraiment plaisir de le revoir, et il retrouve vite sa place dans le paquet, c’est à dire devant. :-)
Départ matinal toujours bien enveloppé dans la fraîcheur, direction Jausiers, là on tourne à gauche et c’est parti pour une montée de 15 km, 800 de D+, avec un % moyen de 5,4 mais les 5 derniers km sont donnés à 10 %.
C’est mon premier vrai col alpin, je suis motivé et humble. J’utilise tout mon braqué et les km défilent au grès des bornes qui me renseignent sur les conditions de la route. Denis à mes côtés est un vrai guide, il me commente la route, la bosse qui va venir, le replat qui va me laisser un peu de répit. On sent bien qu’on est sur une terre de cyclistes, c’est un véritable défilé de toutes les couleurs et de plusieurs nationalités.
J’arrive au sommet en 1h30 fier d’avoir fait le boulot ! Photos souvenirs, ravito, et déjà il faut repartir car la route est encore longue jusqu’à Savines.
Pour y aller, et pour éviter de faire trop de nationale, nous empruntons une petite route, en toboggan, qui surplombe la Durance et nous offre un panorama exceptionnel.
Denis la nomme joliment «les balcons de la Durance».
Savines le Lac, chaleur étouffante (comme chaque fois que j’y suis passé), penne au roquefort et café gourmand, le plein est fait pour affronter la 2eme difficulté du jour, le col du Pontis.
A l’exception de Gérard et Stéphane, qui prennent la direction du Sauze du Lac, les 9 autres s’engagent dans la brèche. Moins dur sur le papier que le col de Vars, mais sous le soleil chaud et avec quelques km dans les jambes j’avoue que j’ai souffert.
Arrêt fontaine au hameau du Pontis, avec une eau de source super fraîche, comme sortie du frigo. L’ascension se poursuit, doucement, jusqu’au km 4 qui est donné à 12 % de moyenne. Un raidard bien marqué me contraint à mettre pied à terre sur environ 100m et puis c’est le final. Regroupement général, petit débriefing qui me rassure, car tous l’on trouvé dur ce col. Reste la descente à faire, qui n’est pas très confortable et je dirais même usante. Route chaotique, gravillons, goudron minable, très pentue avec de nombreuses épingles. On retrouve en bas les copains et René avec sa voiture car il nous avait abandonné après Vars.
Le retour se fera par la même route que la veille, mais d’un peu plus loin.
Arrivée à l’hôtel sans encombre, ou presque, car Jacques S s’est fait une frayeur sur la route avec une moto je crois.
Pot de l’amitié avec Daniel qui repart à Risoul. On espère le revoir bien vite.
Douche, boules, apéro, repas. Le rituel est installé et c’est bien agréable.
Cette fois après le dîner, promenade nocturne vers l’Ubaye. C’est sympa une rivière dans la ville car elle apporte beaucoup de fraîcheur.
On ne traîne pas car demain on a du pain sur la planche.
* Dimanche 9 – Col de la Bonnette – aller-retour – 65 km 1720 D+
Celui-là me fait peur depuis le début, mais je le garde pour moi. Surtout que les commentaires vont bon train. Chacun a son expérience, son anecdote, son coup de mou, et tout cela n’est pas fait pour me rassurer. Dans la soirée de samedi on a dû le monter au moins 3 ou 4 fois ce col !!!!
8h départ, on ne peut plus reculer, il faut y aller. Mise en jambes jusqu’à Jausiers, puis cette fois on tourne à droite et ça commence.
22 km de montée, 1500m environ de D+, moyenne à 6,7 % mais il y a des rampes jusqu’à 12 %, peut-être plus ?
Bref j’en ai bavé, une tuerie avec pas beaucoup de repos. Il me faudra 2h54m et 48s pour arriver au bout (selon strava) et encore je suis resté au col de Restefond, car devant le dernier rush pour les Cimes de la Bonnette mon corps m’a dit NON !
Dès les premiers lacets j’ai compris que j’allais manger (je ne suis pas un grimpeur) tout à gauche, tête baissée, j’ai vite fermé la marche du peloton, et il a très vite disparu de mon horizon. C’est dur, c’est long, et c’est un véritable révélateur, car ce col m’a repoussé dans mes derniers retranchements.
Un arrêt à 2000m à la ferme pour souffler et manger un bout. Un arrêt à la source pour une halte fraîcheur et c’est tout.
Ensuite pendant la montée, tout devient différent. On ne supporte plus rien, cette goutte de sueur qui vient perler au bout du nez, et qui vole en éclat à chaque expiration. Les mouches, par centaines, autour et sur toi. J’en ai compté 10 sur mon petit Garmin, plein les bras, le visage. Elles se glissent sous les lunettes, se collent dans le cou, sur le visage, les bras ….. elles m’ont rendu fou, et en plus elles pèsent ! Il faut que je les monte au sommet !!! Piqûres de taons en prime.
Et la circulation, à la montée comme à la descente, une folie. Moi qui suis motard, et qui aime les voir sur la route, là j’en pouvais plus. Un comble.
Et puis j’ai découvert ce que c’est que l’effort en altitude. J’ai eu un peu de difficulté lors d’inspirations profondes et une légère migraine. Je me suis senti un peu vaseux.
Mais voilà, à force de tours de pédales, en mode robot, je suis arrivé presque au bout du bout et c’est pas mal. J’étais dans l’inconnu et maintenant que j’ai quelques repères, peut-être que la prochaine fois ……. bon mais pas tout de suite non plus.
La descente, que dire, une folie aussi. On file comme le vent, on prend toujours plus de vitesse, et on se fait doubler dans les virages, par des cyclos téméraires et les motards qui s’en donnent à cœur joie. Il faut rester bien concentré et soigner sa trajectoire. 20 bornes comme ça c’est intense, surtout à la fin où la route est super bien dessinée, les courbes impeccables, beaucoup de visibilité. On se surprend à ne plus freiner dans les virages, c’est de la folie.
Retour à 13h, petit repas à l’eau et déjà il faut se dire «au revoir»
Ce fut un weekend bien rempli, sportivement, amicalement et culinairement.
J’espère que mon récit vous donnera envie de vivre cette expérience pour la prochaine mouture et que nous nous y retrouverons nombreux.
Félicitations à tous mes compagnons de route : Patrick pour son organisation, Stéphane pour sa première GM, René, Joël, Jacques S et M.
Une mention spéciale à nos 4 septuas, Denis qui a fait sa dernière (il l’a dit !), Noël, Gérard et Bernard. Merci à Daniel d’être venu jusqu’à Barcelonnette pour rouler avec nous. Vous êtes tous des costauds, durs au mal, de vrais cyclos.
*** tous les chiffres que je donne, sont issus de mes relevés Strava, ils ont la valeur que vous voudrez bien leur donner mais ils sont ma réalité.