Puisque nous sommes des cyclotouristes, notre activité est un subtil compromis entre le sport et la convivialité. Donc de la randonnée, petite, grande et très grande, de la culture sans excés et de la bou..., pardon gastronomie, avec excès.
Nous sommes 3 à avoir répondu favorablement à l’invitation de notre ami René pour une escapade dans les Alpes du sud. J’ai un peu hésité car j’étais déjà de la partie en Août 2016 après une virée dans les Monges en compagnie de Nadine et Jacques. Un agréable séjour mais si non grimpeur s’abstenir car la montée vers le village du bout du monde, Crevoux , vaut bien l’ascension d’un grand col.
Puisque nous allons chez René, il est tout désigné capitaine de route et c’est lui qui décide des parcours. Je pensais commencer par une montée souple comme le col de la Cayolle mais ce sera le Restefond-Bonette depuis Jausiers. Première arête. 23 kms et un sommet à 2802 m, plus haute route d’Europe.
Lundi 22/7 : Départ matinal de Marseille (6h) à 3 (René-Noël et moi) car Joël n’a pu se libérer, il rejoindra les mousquetaires en soirée seulement après sa journée de labeur. Le trajet se fait en seulement 3 heures et après un bon petit déjeuner à Jausiers, nous préparons nos montures et c’est parti pour une durée d’ascension indéterminée, chacun son rythme, chacun sa sensation. Il y a un certain temps pour ne pas dire un temps certain il me fallait 2h pour atteindre le col de Restefond (2643m) et 7’ de plus pour le sommet Bonette (2802m). Les années ont passé et sur un revêtement toujours parfait, un décor majestueux, je mettrai 13’ de plus pour le Restefond, René bien devant ou si peu me dira-t-il au sommet Bonette où les touristes sont toujours aussi nombreux. Noël ne voulait pas y accéder mais nous ferons les derniers 900m ensemble pour l’avoir attendu au carrefour Restefond/Bonette car depuis quelques années on peut y accéder des deux côtés, Jausiers ou Alpes Maritimes. La mise en jambes proposée par René est sympa car ce n’est pas la grosse chaleur. Nous préférons rester en altitude pour déjeuner et c’est au restaurant « Altitude 2000 » que nous nous arrêtons. L’ASPTT Marseille est la bienvenue puisque notre serveuse faisait partie de notre club section gymnastique et natation. Accueil parfait et table bien garnie avec assiettes de charcuterie et fromages. Il ne nous reste plus qu’à nous laisser glisser vers Jausiers et poursuivre notre route vers le Hautes Alpes en franchissant le col de Vars, passer à Guillestre et monter vers Crevoux, cette fois en voiture et non à vélo. Nous sommes sur la route du TDF qu’emprunteront les pros le jeudi 25/7.
46,7 km 1507 D+ 3h02’ 15,3 km/h
Mardi 23/7 : Notre quatrième mousquetaire Joël rejoint le groupe, l’équipe est au complet et après une bonne nuit de repos le capitaine nous propose la montée du col de Vars (2109m) depuis Guillestre mais nous invite à regagner nos pénates à vélo et comme je l’ai déjà fait je sais que c’est très difficile. Il ira garer son véhicule à 12km en contrebas, St André d’Embrun, pas fou le capitaine. Top départ à 9h et nous descendons rejoindre René pour filer ensuite par une route touristique dénommée balcons de la Durance vers Guillestre où sur un bon kilomètre nous devons cohabiter avec une circulation motorisée très dense. Voici Guillestre au pied du col pour une ascension de 20 km. Autant j’ai pris du plaisir un dimanche en 2016 cette fois en semaine il en est tout autrement car travail oblige les voitures et camions ravitaillant les chantiers sont bien présents et nous devons cohabiter. Le soleil est bien là et avec la chaleur car à 2000m d’altitude il fait 31° mais je n’y suis pas encore. Les plus costauds sont bien devant, Noël un peu derrière mais l’essentiel n’est il pas d’arriver en bon état ? Le passage à Vars les Claux me verra faire un arrêt bienfaiteur à sa fontaine pour me rafraichir, un passage assez costaud, puis la pente se radoucit et quand vous arrivez au refuge Napoléon ça sent la fin, plus que 3 ou 4 km. Une cyclote est arrêtée et observe son vélo et en tant que « St Bernard » je ne peux qu’y apporter mon aide si je peux. Une vraie cyclote avec sacoches et bagage arrivant d ‘Allemagne mais parlant un français impeccable. Freins hydrauliques à patins touchant la jante, elle est montée ainsi depuis Guillestre et ne sachant pas dépanner je lui conseille d’arriver au sommet très proche pour y trouver dans les nombreux cyclistes quelqu’un qui peut-
être pourra remédier à ce souci. Cet arrêt permet à Noël d’arriver et au sommet notre mécano maison se penchera sur cette machine, je dis bien la machine. La roue est légèrement désaxée et régler le frein est compliqué. Nous arrivons à remettre la roue dans l’axe, le patin ne touche plus et son option est soit le col de la Cayolle, soit la Bonnette pour rejoindre Nice. Bon courage et bonne route. Photos prises pour immortaliser cette ascension, nous décidons d’aller déjeuner à Guillestre même si à Vars St Marcellin la fête bat son plein, village que nous rejoindrons le jeudi pour voir passer le TDF. Bonne ou mauvaise idée car sous les parasols où les cyclos et motards sont les bienvenus il fait 37°. C’est vraiment la canicule annoncée. Bien rassasiés même si les efforts fournis et la chaleur m’ont un peu coupé l’appétit, il faut se remettre en selle pour rejoindre la route empruntée le matin dominant la Durance et son rafting afin de regagner Crevoux, défi lancé par notre capitaine de route. Noël est bien décidé à relever ce défi ainsi que Joël qui avait demandé s’il y avait de quoi faire dans le coin et moi je suis en soldat fidèle. 12 bornes à environ 7% et certains passages bien plus raides. Les kilomètres, la chaleur même si certains secteurs sont ombragés vont finir de vider les réservoirs, Joël même s’il n’a pas la Bonette dans les jambes va grimper dans la voiture du DS (directeur sportif), me voici avec Noël et entre audois on va y arriver peut-être, nous sommes « testards ». Le DS redescend voir si on est bien sur nos vélos, Noël jette l’éponge, je continue un tout petit peu et au passage de la voiture à environ 3km du but je grimpe également, direction Crevoux et sa superette pour faire les courses. Une journée très agréable malgré la souffrance mais c’est ainsi qu’on se souvient de ces journées.
93,3 kms 1900 D+ 5h11’ 18,2 km/h
Mercredi 24/7 : Col Izoard Aujourd’hui c’est le gros morceau proposé, l’ascension de l’Izoard (2360m) depuis la vallée du Guil. Départ inchangé, à vélo (descente) depuis La Chalp, voiture conduite par notre DS à St André et direction Guillestre par cette belle route déjà empruntée mais toujours aussi sympathique où nous rencontrons quelques cyclotouristes qui ont eu la même idée que nous, grimper l’Izoard. Souvent ventée la vallée du Guil se passe bien même si c’est en faux plat montant. Pas trop de circulation car pour voir les pros le lendemain ils sont tous installés sur les pentes de ce col mythique avec sa Casse déserte, exploits des champions comme Coppi, Bobet qui ont droit à leur stèle. Nous connaissons ce col pour l’avoir gravi depuis Briançon lors du centenaire de l’ASPTT et du côté Queyras lors de notre épopée Agnel-St Veran-Izoard depuis Guillestre (août 2012). 14 km d’ascension
environ et si nous avons tourné à gauche après la vallée, le braquet est également tout à gauche. Alors si je tire la langue je pense à notre ami Jean-Pierre (Jipi) qui s’est offert, façon de parler, Vars-Izoard le même jour avec sa bicyclette bien chargée, alors pas question de râler avec mon vélo carbone. Arvieux est là avec sa fontaine et son bassin et à ses pieds, un troquet invitant pour une pause cyclos et motards, ce sera notre lieu de restauration au retour. Je suis avec Noël, nos grimpeurs sont bien devant. Voici Brunissard et le pourcentage s’accentue. Les camping cars ont rempli les parkings en attendant le Tour, les bas côtés sont également bien fournis et de nombreuses nationalités sont représentées, les Belges majoritaires ainsi que les Britanniques et les Français également. Je m’arrête pour respirer un tout petit peu à côté d’un compatriote qui affiche un bel étendard « Occitanie », des voisins en quelque sorte, de quoi tailler une bavette, la dame me propose l’apéritif que je refuse, un peu plus haut les Belges me proposent une bière ou un jaune, merci mais il me faut arriver au sommet. J’ai eu les mêmes propositions au retour, c’est sympa. Chaque tour de pédale nous rapproche du sommet, le dernier kilomètre est plus doux, le but est enfin atteint et avec gentillesse René et Joël me proposent un Coca-Cola avant d’immortaliser sur la pellicule ce passage auprès de la stèle. Cette fois il fait beau, inutile de se presser. Pause terminée, nous voilà repartis à bonne allure sur le même versant vers Brunissard-Arvieux en passant par la Casse déserte sans photographier le mémorial, gênés par des voitures stationnées. Casse croûte à Arvieux et descendons la vallée du Guil, sans vent, c’est à souligner, pour rejoindre Guillestre. Ensuite même chemin pour rejoindre St André d’Embrun et courses de bouche à Crevoux, il faut bien recharger la chaudière…
108,4 km 1782 D+ 5h33’ 19,5 km/h
Jeudi 25/7 : Montée à Risoul et TDF
Toujours le même scénario au départ, seul Noël profite du véhicule pour rejoindre St André. Par la même route
toujours aussi sympa nous rejoignons Guillestre. Notre ami Daniel séjournant à Risoul et informé de notre passage
vient nous y rejoindre et nous ferons la montée ensemble, il est dans son jardin. 14 km tout de même et souvent à 8%. Un très bon revêtement, passages ombragés mais il me faudra tout de même 1h30’ pour atteindre Risoul. A noter que la circulation est presque inexistante, c’est un plaisir de rouler. Nous devons faire des provisions de bouche car après cette ascension nous allons à Vars St Marcellin voir passer le TDF en traversant le plateau par un chemin de terre, environ 3 ou 4km. Passage un peu délicat, Daniel nous accompagne une partie du parcours avant de regagner son domicile. Il suivra le Tour à la télé. Nous retrouvons le goudron et une belle pente pour rejoindre Vars-St Marcellin. Arrivons un peu trop tard pour le passage de la caravane mais avons assez de
temps devant nous pour casse-croûter dans l’herbe et à l’ombre car le soleil brille et chauffe. La maréchaussée nous fera descendre du vélo et nous surveillera du coin de l’œil. Combien de CO2 émis par toutes ces motos et voitures suiveuses ? Nous ne sommes pas loin d’un ralentisseur où un certain Contador chuta, cette fois pas de dégât mais à la vitesse où ils passent difficile de reconnaître les coureurs sauf le maillot jaune puisqu’il était aux avants postes. Nous attendons les retardataires et la voiture balai pour repartir et la route étant encore fermée c’est un régal de pédaler hors circulation motorisée. Rien à voir avec le mardi précédant. Parcours habituel pour rentrer à St André et retour à notre gîte pour regarder à la télé la fin de l’étape. On est au top.
79,4 km 1458 D+ 4h34’ 17,3 km/h
Vendredi 26/7 : Montée aux Orres et retour.
C’est le dernier jour et afin de ranger notre domicile nous ferons court cette fois-ci. Noël déclare forfait et en tant que « fée du logis » il fera briller notre logis (logique). C’est parti, 7km de descente que nous devrons gravir au retour, passons à St Sauveur et bien 12 bornes pour atteindre Les Orres. Nous pouvons admirer sur notre droite le lac de Serre Ponçon, une vue imprenable et magnifique. Notre hôte s’est envolé et Joël me fait l’amitié de m’attendre. Altitude 1850 m nous arrivons au but. Le temps de prendre un verre bien mérité en terrasse déserte, peu de touristes d’après le serveur. Voilà, il ne nous reste plus qu’à descendre mais il faut penser aux 7kms de montée qui nous attendent pour un dénivelé de 520m environ. C’est la dernière bosse du séjour pas le moment de craquer. Mis à part Noël, personne ne nous attend donc tout à gauche et pas question de caler dans les 12 ou 13% avant le cimetière. Ca passe tant bien que mal, le camion du boucher-charcutier nous double, les provisions nous sont apportées à domicile, quoi de mieux n’est ce pas ? Nous continuons notre route vers la route des fées et le Parpaillon, affolant Noël qui nous voit passer. Joël montera à l’entrée du tunnel du Parpaillon (3km abrupts), ce sera non pour René et moi-même. Stop !
47,5 km 1367 D+ 3h05’ 15,3 km/h
Voilà notre escapade alpestre s’achève. Il faut remercier René pour son invitation, Noël qui s’est transformé en maître queue, Joël pour son café, thé, tartines grillées etc... et bien d’autres choses, chacun ayant contribué à ce que ce séjour se passe dans de très bonnes conditions, en toute amitié et convivialité. Tous les repas du petit déjeuner au dîner se sont pris en terrasse car nous avons été gâtés par la météo. Amis cyclos si René vous invite n’hésitez pas, venez les yeux fermés mais les mollets bien affutés.
Bilan du séjour : 375,3 Kms 8014 D+ 21h25’ de selle