Puisque nous sommes des cyclotouristes, notre activité est un subtil compromis entre le sport et la convivialité. Donc de la randonnée, petite, grande et très grande, de la culture sans excés et de la bou..., pardon gastronomie, avec excès.
Et oui, elle figurait bien au calendrier, cette sortie particulière, mais pour moi, ça ne restait que des souvenirs.
Sollicité par Jacques M., et son pouvoir de persuasion légendaire (vous connaissez tous l’historique du tandem et son sac de ciment de 78kg… (1er mars 2012), je me devais, viscéralement, de répondre présent à cette invitation malgré mes craintes involontaires de retarder le groupe.
Réveil matinal, n’étant pas un lève-tôt, la tête encore sur l’oreiller j’ai dû m’y reprendre à 2 fois pour récupérer le rond-point de l’Audience direction Salin de Giraud et non pas Arcelor Mittal.
Pas plus tôt arrivé sur le parking, sans avoir esquissé seulement un bonjour, mon VTT était déjà monté en 20 secondes par les copains, prêt à être enfourché, alors que je n’avais même pas glissé un pied dans mes Sidi…. La classe.
Passé le bac à 8hoo précises, le ciel rougeoyant, sans vent ni moustique, présageait d’une belle journée en perspective.
Le bistrot habituel étant fermé, les cafés et le thé (coucou Olivier) furent pris à l’hôtel voisin, dont le « Point de Vue », comme l’a souligné Christian, n’avait rien à voir avec le Sénéquier de st Tropez… mis à part le prix des consommations. Heureusement les douceurs offertes par René ont atténué un peu les ardeurs matinales.
Au briefing la décision fut prise de faire le tour de l’étang de Vaccarès… à l’envers, une première pour moi et, coïncidence, à l’aube de mes 69 ans… comme quoi tout arrive.
Le départ à l’allure modérée nous conditionne à ce chemin, style champ de mine, ce qui permet également de tester l’efficacité de certaines fourches télescopiques.
La piste nous gratifie d’une lumière sensationnelle qui, se reflétant sur l’étang, dans un effet d’optique nous fait penser à un mirage. En effet, les eaux basses ont une teneur en sel tellement épaisse en surface que l’idée de se trouver au bord d’un lac de glace sibérien nous traverse l’esprit…..non non le café n’était pas arrosé.
Autre originalité qui attire l’attention de mes accompagnateurs Paulo et Thierry, ces centaines de piquets de bois qui jalonnent le bord de l’étang, tous recouverts d’un, voire plusieurs galets et qui servent à retenir la terre de la route lors des crues hivernales. Un travail inouï de patience auquel participent parfois les touristes.
Les photos dans la boîte, un virage à gauche nous entraîne sur un chemin sinueux et sablonneux débouchant sur la plage mythique de Beauduc. Les cabanons typiques du bord de mer, devenus cabaNON… ont été détruits y a quelques années par arrêté préfectoral, mais résident encore quelques caravaniers irréductibles amoureux de ce site privilégié. Après la photo traditionnelle, retour jusqu’à la barrière pour rejoindre la route des Saintes. L’arrêt au phare de la Pa…Gacholle s’imposait, et bien que son nom ne l’indique pas, il fît pourtant l’objet de jeux de mots bien épicés.
Arrivés à l’entrée des Saintes Maries de la mer, nous côtoyons le parking destiné aux nombreux campings caristes placés en rang d’oignons, avec vue sur la digue. On songe tous qu’ils ne profitent pas du site le plus touristique du village.
An carrefour, dans un équilibre précaire, je tente de suivre dans les ruelles étroites les virtuoses qui me précèdent, slalomant entre les passants et les étals du marché local, pour arriver sur la place pavée de l’église notre Dame de la mer.
En bon samaritain, notre ami René se porte volontaire pour garder nos montures.
Un à un, on se fraie un chemin dans la nef, parmi les nombreux visiteurs en jetant un coup d’œil aux nombreux ex-voto dédiés aux Saintes. Nous descendons les 4 marches pour accéder dans la crypte au plafond bas, chauffée par les flammes vacillantes des bougies multicolores, où se dresse la statue de Sara la noire.
Ce recueillement ayant aiguisé notre appétit, chacun ravitaille sa musette à sa guise au supermarché habituel. Soudain, l’invitation à prendre une mousse réparatrice ne laissa pas indifférents six d’entre nous qui se délectèrent en terrasse d’une bière blanche citronnée très appréciée, avant de rejoindre les gardiens de nos sandwiches sur les bancs de la promenade, face à la plage.
J’ai remarqué avec grand plaisir que les traditions cyclos perduraient, quand le couteau suisse d’Olivier courageusement libéra, dans un bruit mélodieux, le nectar rosé d’une savoureuse AOC.
Tandis que nous croquions notre en-cas, devant les yeux émerveillés et curieux des promeneurs, un appel bienveillant de notre ami Denis, voulant s’enquérir de l’état de santé des cavaliers camarguais, arrêta momentanément le travail de nos mandibules.
Pour mettre un terme à nos blablablas démesurés et interminables, le café fut proposé à l’intérieur du village gracieusement offert par Steeve.
Bien requinqués, nous reprenons la route direction Méjanes, Domaine mythique de Monsieur Paul Ricard. Cette route, au revêtement type tôle ondulée, nous a permis de bien faire descendre notre déjeuner et pour certain, d’éliminer plus rapidement dans la discrétion la BBF*de midi. (*Pour les nouveaux Bonne Bière Fraîche).
Afin de détendre les poignets, traumatisés par nos « vélos marteau piqueur », nous faisons une halte au légendaire « canal carpien ».
Du haut de ce promontoire, nous distinguons ces énormes carpes grouillantes et goulues, gobant avec une adresse remarquable les morceaux de pains jetés dans leurs bouches pulpeuses par nos cyclos, il ne leur manquait plus que du rouge à lèvres pour nous aguicher.
Ravis du spectacle, au bout de quelques hectomètres, nous voilà obligés de remettre pied à terre sur l’injonction de la gendarmerie, pour laisser place à une concentration folklorique de… 7 à 800 vélos (je n’ai pas tout compté) qui rejoignaient les Stes Maries sur des montures hétéroclites dont certains étaient vêtus de tenues folkloriques.
Y en avait même en costumes d’Arlésiennes... et pourtant je les ai bien vues.
La procession enfin terminée, nous rejoignons Salin par petits groupes, et comme par enchantement tout le monde s’est retrouvé sur la terrasse du sacro-saint café « DELY-CIEUX »
Les mousses ou autres boissons à bulles, réparatrices et bienvenues, ont été offertes aux douze participants par Julie pour fêter sa première sortie camarguaise en VTT. Par ailleurs elle nous a avoué qu’à aucun moment elle n’avait eu de coup de bambou, nous lui adressons toutes nos félicitations.
En quittant le bac de Barcarin, j’étais heureux comme peut l’être un gamin… qui vient de faire sa première balade en VTT.
Aussi je tiens à remercier sincèrement : Christian, Jacques, Julie, Louis, Michel, Olivier, Paulo, René, Steeve, Stéphane et Thierry pour leur gratitude, leur patience et pour ce partage amical réconfortant durant ces heures de selles.
Nous sommes tous, un jour ou l’autre hélas, diminué par un incident passager, un accident, une maladie, une opération, mais seule notre volonté à nous surpasser nous permettra de gagner ce combat personnel. En revanche, je confirme que la présence, l’aide et le soutien moral apportés par les camarades de club sont des éléments fondamentaux pour la réparation physique et psychologique, car l’amitié, ça ne s’achète pas.
Bonne route à tous
Jo